Championnats d'Europe à Istanbul

Chers supporters,

De retour d’Istanbul, il est temps pour moi de revenir sur cette expérience et cette saison hivernale.

Après une première sortie timide mais très prometteuse lors du meeting du X-athletics, les championnats de France ont été le rayon de soleil de ma saison avec la qualification directe pour l’échéance européenne de l’année. Je me suis alors permis de rêver plus grand, et d’avoir pour objectif d’atteindre une place de finaliste, voire un top 5 européen et pourquoi pas l’optique d’un nouveau record personnel. Mais la réalité m’a vite rattrapé avec une douleur à la cheville, survenue au lendemain de mon titre de championne de France. (À chaque effort sa contrepartie).

12 jours, c’est le temps qui me restait pour ainsi soigner cette douleur, faire les soins nécessaires et croire en mes ambitions européennes.

Enflammée par l’excitation, l’euphorie d’un grand championnat, la confiance est alors revenue et les dernières séances faisaient de cette gêne un souvenir passé.

Le petit décalage horaire, et les sessions très matinales du championnat, ne m’ont pas permis d’arriver reposée sur la compétition. Un échauffement en douceur à 7h30 du matin (5h30 heure française) puis un passage chez le kiné avec une première alerte à la cheville quelques minutes avant le coup de pistolet. L’espoir a alors nourri mon engagement, et a été mon seul carburant de cette course, bien loin de mes espérances. Un résultat décevant, mais la magie des épreuves combinées nous a souvent démontré que dans le sport : rien n’est jamais déterminé à l’avance, rien n’est jamais sûr, et rien n’est jamais perdu.

Direction ainsi le saut en hauteur en continuant d’y croire. Mais les premiers sauts d’échauffement ont été un déchirement, lorsque j’ai compris, que le combat que j’allais mener ne serait pas contre les athlètes, ni le classement, ni le niveau européen mais bien contre moi-même. Il n’y a rien de plus dur de ne pas pouvoir s’exprimer sur la piste et pourtant, il fallait tenir bon même si tout allait mal. Parce que mettre de l’intensité quand rien ne va, c’est aussi notre combat de tous les jours. Ce concours dans la douleur, avec les larmes et sans les armes pour me battre a été irréversible pour sauver mes chances de voir plus grand.

Suite à ces deux épreuves, la douleur s’étant intensifiée, s’arrêter se présentait comme la décision la plus sage. Mais décider d’abandonner était un choix plus que douloureux, et mettait fin à tous mes espoirs. Abandonner est un mot difficile pour nous, en tant que sportif, celui-ci donne l’impression de baisser les bras, de ne pas être à la hauteur et pourtant ce choix était judicieux, raisonnable pour la suite de ma carrière et des échéances futures.

La frustration est grande aujourd’hui de ne pas avoir pu concrétiser à l’échelle européenne tous les progrès réalisés et de ne pas avoir pu incarner le travail de toute une équipe. L’athlétisme est un sport difficile parfois ingrat qui demande une abnégation et un engagement total. Mais l’aventure humaine que représente l’athlé en vaut largement la chandelle.

C’est aussi parce qu’il y a des hauts qu’il y a des bas ! À nous de savoir les affronter, de faire tomber les remparts pour atteindre les portes de notre talent, de la réussite et du succès🥇

C’est donc la fin de ma saison hivernale, mais le début de 2023 a été plus qu’incroyable (parce que finir par une note positive redonne toujours le sourire). Ma saison hivernale c'est :

🔥 Un nouveau record personnel sur le pentathlon à 4603 points (ancien à 4452)

💥 Trois nouveaux records personnels sur le lancer de poids (13m50 contre 13m26) - le saut en longueur (6m35 contre 6m15) - le 800m (2.15.45 contre 2.16.21)

🎯 La quatrième performance française de tous les temps.

🥇 Un titre de championne de France élite

✨ Une qualification aux championnats d’Europe.

🌏 La cinquième performance mondiale de la saison.

Place maintenant à quelques jours de repos, à des examens médicaux cette semaine puis à des soins avant de repartir travailler pour la saison estivale. Le regard est déjà tourné vers cet été et 2024. Ce n’est que partie remise, et une étape de plus dans le chemin vers la victoire. Cela fait partie de la vie, parce que les difficultés nous façonnent et nous enseignent la patience et l’humilité.

Un énorme merci pour le soutien et pour tous ces messages qui réchauffent le cœur lorsqu’on se retrouve au plus bas.🧡

Léonie,

Crédit photo : Ryan Allek